Deborah Bowmann Amsterdam, ses représentants et Deborah Bowmann elle-même ont le plaisir de présenter leur nouvelle collection Noblesse Oblige, une collaboration avec Travis Broussard, Jean-Baptiste Carobolante et Émilie Ferrat
Pendant des siècles en Occident le désœuvrement, l’oisiveté et l’évasion par la consommation d’alcool et de drogue était l’usage de l’aristocratie, de la bourgeoisie et des marginaux ; de personnes qui avaient le temps ou qui le prenaient. Un vrai tournant des sociétés capitalistes modernes pourrait être celui de la démocratisation du désœuvrement : c’est-à-dire de la recherche d’états seconds et d’évasion, et cela dû à une sur-organisation du temps de chacun, qui a conduit finalement à une recherche d’évasion plus virulente. En parallèle, il est intéressant de noter que la parure et la décoration, qui étaient eux aussi pendant des siècles l’apanage des sphères du pouvoir, se sont progressivement démocratisées dans les milieux populaires depuis la révolution industrielle pour devenir omniprésents aujourd’hui sous les formes les plus variées. Que ce soit au moyen de l’aménagement de l’espace domestique avec des meubles design, d’écrans géants et d’œuvres d’art, ou encore au moyen de l’aménagement de l’espace mental avec des drogues, des voyages exotiques ou des grosses cylindrées, nos espaces témoignent toujours davantage de ce désir de ne pas être là où nous sommes, d’être là où ne nous sommes pas.
Dans une ambiance sub-urbaine mêlée à une atmosphère domestique et bourgeoise, Noblesse Oblige présente une sélection de pièces contenant en elles les concepts de désœuvrement et d’ornementation, concepts a priori étrangers l’un de l’autre, mais pourtant liés vraisemblablement dans la perspective d’une réalité alternative.
Ainsi le statut des formes et objets présentés est comme pris dans un léger balancement entre fonction réelle assignée et fonction rêvée. Qu’il s’agisse de la série de bouteilles de liqueurs Good Business produite par Jean-Baptiste Carobolante, de la série Pipe , pipes à crack en céramique émaillée de Travis Broussard, ou encore de Deborah Classic Bird Cage, volières produites par Deborah Bowmann, la nature des objets oscille entre futilité et évasion, décoration et contemplation. De même, la série de formes monumentales en plâtre tagués produite par Deborah Bowmann sont de manière indécidable des lampes, des présentoirs et des sculptures, tout comme les pièces Deborah Classic Monochrome et Deborah Classic Wallfurniture , ont à la fois les statuts de peintures, de meubles et de lampes.
Comme de silencieux mais non moins conscients personnages, ces formes et ces objets tentent d’être ailleurs que là où on leur a demandé d’être, de servir à.
NOBLESSE OBLIGE