par Horrible Bise

Du 09/09 au 05/11/2016

À l’occasion du Brussels Gallery Weekend, Deborah Bowmann Brussels, ses représentants et Deborah Bowmann elle-même ont le plaisir de présenter ‘De gustibus et coloribus, non disputandum’, la première exposition personnelle d’Horrible Bise en Belgique.

Prenant comme point de départ la défiguration des éléments stéréotypiques de l’espace d’exposition, le trio signe son intervention à Deborah Bowmann par une destruction du mobilier de la galerie afin de faire de ses restes son matériau premier. Une destruction matérielle mais aussi figurée : la vitrine, élément majeur de visibilité est entièrement masquée, le bureau, signe du lieu d’échange et de vente est détruit.
En différents points les artistes opèrent une mise en échec de la fonction même de la galerie en annulant certaines de ses caractéristiques. La couleur mauve des néons vient ainsi compléter le travail de perversion des éléments principaux de l’espace d’exposition.

À l’image de Victor Hugo regardant avec mélancolie les ruines de la civilisation gréco-romaine, le trio d’artistes français recrée un environnement antique fantasmé, fait de colonnades, de fresques et de drapés dans une ambiance chromatique rose et bleu. À un geste premier de déconstruction brutale les artistes associent une reconstruction sensible et maniériste : d’une folie destructrice vers une recomposition poétique.
On pense alors au procédé de la spolia de l’empire romain qui désignait tant la réutilisation de morceaux de monuments romains anciens pour la construction de nouveaux bâtiments que l’utilisation d’oeuvres et de monuments étrangers ramenés comme butins de guerre. Si les matériaux de constructions utilisés ici ne sont certes pas de durs blocs de pierre, ils sont pourtant des matériaux symptomatiques de notre contemporanéité. Ainsi le mélaminé du mobilier détruit, principal matériel de construction des oeuvres, convoque ici l’univers impérial bureaucratique et administratif caractéristique du temps présent. Une forme de réévaluation du contemporain sous sa forme ruinée, ou dans sa potentielle ruine future.

Dans ces reliquats modernes on peut observer des photographies d’archive présentant les artistes posant à moitié nu lors d’un hypothétique cours de dessin. Celles-ci affirment une nouvelle fois l’idée de statuaire antique et amènent l’idée du ‘poseur’, élément clé dans la pratique des trois artistes. Ces images donnent à la fois le rôle de statues antiques aux artistes et le rôle de supports, de piédestaux aux différentes oeuvres. Les fragments de moulages des corps des artistes, les gerbes de fleurs nous renvoient encore davantage à la nature de monuments de l’ensemble des oeuvres ; la mise en monument des trois artistes eux-mêmes dans la perspective d’une ruine.

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‘Horrible Bise est un groupe de rock qui ne joue pas de musique mais qui joue des matériaux, qui ne fait pas de concerts mais des compositions. À mi-chemin entre la performance et la sculpture, Horrible Bise opère un point de rencontre entre le culte de l’attitude et de l’image propre au rock avec l’art contemporain. Dans la majeure partie de ses installations, le groupe produit des sculptures en vue de « poser » sur ces dernières qui, telles des accessoires, servent de piédestaux aux trois artistes. ll s’agit davantage de formes de gloire, des formes ou des situations pensées comme des supports permettant au groupe d’asseoir son attitude et sa célébrité. Ainsi, les compositions que le trio produit fonctionnent rarement seules, mais dans un mode d’activation spécifique à chaque projet. Pour la première fois à la galerie Deborah Bowmann, ils décident de se retirer de la scène.’