Deborah Bowmann Amsterdam, ses représentants et Deborah Bowmann elle-même ont le plaisir de présenter la nouvelle collection L’homme nu, une collaboration avec Laurent Le Deunff, Still Making Art (Aaron Mc Laughlin et Simon Boase), Laure Jaffuel, Joey O’Doherty, Fabien Vallos, Victor Delestre et Amaury Daurel.

L’homme nu réunit sculptures, objets, photographies et oeuvres murales qui partagent l’idée de support et de présentation. Ces œuvres sont ainsi des formes ‘au service de’. Ce sont des ‘moyens’ destinés à la présentation et à l’usage d’autres objets et êtres vivants (culottes, cigares, baguettes, chats, serviettes, cartes postales, photographies). Ces formes ‘secondaires’ deviennent ici le sujet principal de notre attention.

Porte-baguettes, porte-serviettes, arbres à chats, et porte-cigare sont présentés ici nus, dépourvus des objets pour lesquels ils ont été destinés. Cette nudité agit comme un dévoilement de leurs qualités sculpturales, les simplifiant, les extrayant des objets référençant leur fonction réelle et les libérant ainsi de leur destinée, en faisant des moyens sans fin. Ni préconçus comme des œuvres, ni forcés à le devenir, les sculptures et objets présentés dans L’homme nu peuvent être pensés comme des personnages dont la destiné n’est pas certaine, dont la nature hésite entre œuvre d’art et objet fonctionnel. Stijl Making Art, oeuvre du collectif Still Making Art est une composition de prises d’escalade conçue comme un objet fonctionnel mais dont l’usage est exceptionnellement limité au profit de son intérêt visuel. Poster pour L’homme nu, oeuvre de la graphiste Émilie Ferrat est un détournement de cadres vides encore sous plastique rendant leur utilisation techniquement et fondamentalement impossible.

L’homme nu propose un paysage de présentoirs hétéroclites à la manière du magasin de portants, lieu magique où fonction et décoration ne font qu’un.

Le rapport au ‘support’ est traité à la fois comme une pure composante sculpturale et dans sa fonction réelle, dont les caractéristiques oscillent entre ergonomie, exagération et pure illustration. L’exposition déploie ainsi un éventail de displays en vue de proposer une discussion dynamique autour de la valeur d’usage et de la valeur d’exposition. Les Arbres à chat, sculptures de Laurent Le Deunff, sont des formes de support davantage que de présentation. A l’instar du minimalisme de ces dernières, Porte cigare de Joey O’Doherty revêt une forme monumentale, exagéré vis-à-vis de sa prétendue fonction. C’est dans la relation d’une œuvre à l’autre que ce rapport usage/exposition est complexifié et mis à mal.

La sélection d’oeuvres et d’objets présentés dans L’homme nu dresse un portrait de formes hétéroclites. Étude pour la suppression de la réalité, sculpture d’Amaury Daurel, s’apparente à un porte carte postales ready-made de format standard pourtant réalisé à la main. Porte serviettes de Laure Jaffuel est un objet fonctionnel au sens propre du terme mais dont le design pourrait s’apparenter à celui d’une sculpture minimale. À l’instar des expositions précédentes où les expositions suivent la logique de collections et de séries, la nouvelle collection Deborah Bowmann à l’effet de cet ensemble tient davantage de sa non cohésion, d’un certain choc nuancé par une relation conceptuelle ainsi que celle d’un format commun. En effet l’échelle domestique de ces pièces, faisant autant référence à l’espace de l’habitat qu’à celui du celui du magasin propose une lecture de ces formes à la manière d’une rencontre de personnages de la même importance mais venant de différente famille.
L'homme nu